CBC/Radio-Canada ne serait pas ce qu’elle est sans ses employés. Il y a les personnalités connues, présentes tous les jours sur nos ondes, mais aussi tous les travailleurs de l’ombre, qui mettent leurs connaissances et leurs compétences au service de notre mission. Certains occupent des postes qui nous sont familiers, tandis que d’autres exercent un métier unique, presque mystérieux. Sans eux, nous ne pourrions pas accomplir notre mission. Dans cette série de portraits, nous vous présentons les employés qui font du diffuseur public votre média de confiance pour vous informer et vous divertir.
Aujourd’hui, nous vous présentons Taylor Katzel, adjoint aux émissions de CBC Kids News à Toronto.
Taylor, comment en êtes-vous venu à travailler pour CBC/Radio-Canada?
J’ai vu une annonce du Programme de placements de personnes handicapées de CBC l’an dernier, au moment même où je ressentais le besoin de réorienter ma vie. J’ai commencé à perdre la vue il y a environ trois ans alors que j’amorçais des études pour devenir professeur d’arts visuels, un projet que je poursuivais depuis des années, et pour lequel j’avais déjà effectué un programme d’études de premier cycle de quelques années. Étant un artiste en arts visuels, on imagine sans peine que ce diagnostic a provoqué en moi une importante remise en question.
Depuis, plusieurs possibilités incroyables se sont présentées à moi, mais il m’a été difficile de trouver ma place dans le monde parce que bien des employeurs ne sont pas prêts à accepter et à accommoder des personnes comme moi. J’ai donc été ravi de voir qu’un programme avait été conçu pour essayer d’abattre ces obstacles et donner aux personnes en situation de handicap l’espace nécessaire pour se dépasser.
Quel genre de travail faites-vous ici?
Je suis adjoint aux émissions pour CBC Kids News. L’essentiel de mon travail se fait dans les médias sociaux, mais mes tâches sont assez diversifiées. Dans nos réunions de production le matin, nous discutons des nouvelles de la journée les plus pertinentes pour notre jeune auditoire et je présente mes idées sur la meilleure manière de présenter ces histoires sur un ton adapté aux enfants. Ensuite, je participe à de nombreux aspects de la production, mais je m’occupe surtout d’organiser notre présence dans les médias sociaux, j’effectue des recherches et à l’occasion, je rédige des reportages.
Mon rôle consiste en bonne partie à rendre notre contenu plus accessible. En tant qu’employé embauché dans le cadre du Programme de placements de personnes handicapées, je consacre aussi beaucoup de temps à rencontrer des gens des différents secteurs de CBC pour discuter des questions d’invalidité et contribuer à la visibilité du programme.
Vous avez rédigé un article sur l’accessibilité à CBC/Radio-Canada. Comment est-ce pour ceux qui travaillent à notre immeuble de Toronto?
Comme j’ai été embauché dans le cadre du Programme de placements de personnes handicapées, j’ai bénéficié d’une grande autonomie depuis que je suis ici et je me suis beaucoup épanoui. À la base, le programme accroît la représentation des personnes handicapées au sein de notre organisation. Mais ce qui est plus unique et ce qui m’a en quelque sorte libéré, c’est d’avoir été embauché avec une cohorte de personnes différentes vivant les mêmes difficultés que moi. Des réunions hebdomadaires à participation volontaire ont été organisées afin que nous puissions discuter librement de nos problèmes et débattre des formes que devrait prendre l’accessibilité à CBC/Radio‑Canada. Cette expérience a été incroyable. Habituellement, la plupart des personnes handicapées qui intègrent le marché du travail le font isolément des autres et n’ont aucun système de soutien susceptible de valider leur perception des choses ou leurs difficultés au quotidien. De nombreuses personnes handicapées sont souvent les seules dans leur situation dans leur lieu de travail. Je me sens donc privilégié de compter sur l’appui de ce groupe et la valeur de ce système de soutien est un argument de poids en faveur d’une plus forte représentation.
Comment CBC/Radio-Canada pourrait-elle faciliter la vie de ses employés handicapés?
Je pense que CBC/Radio-Canada peut continuer d’embaucher des personnes handicapées, mais en plus grand nombre. Plus les personnes handicapées seront représentées, plus elles seront visibles et plus les gens seront à l’aise de déclarer leur handicap. De nombreux employés de CBC/Radio-Canada vivent avec un handicap non visible qu’ils ne déclarent pas de crainte d’être stigmatisés. Ces personnes travaillent un peu partout, dans tous les services et sont probablement plus nombreuses qu’on serait porté à le croire. Le quotidien des personnes handicapées qui dissimulent leur handicap au travail peut être très difficile et malheureusement, de nombreuses personnes n’oseront jamais exprimer leurs besoins si d’autres ne le font pas avant elles. Pour l’employeur, l’embauche de personnes handicapées doit être vue comme un investissement. Si nous créons un espace où les gens se sentiront assez bien pour exprimer leurs besoins et demander les accommodements nécessaires, nous créons du même coup des lieux de travail sains et robustes.
Aimez-vous votre travail à CBC/Radio-Canada?
Vraiment pas, c’est bien ça le pire! (Rires) Je plaisante, bien sûr. En fait, je suis littéralement tombé en amour avec cet endroit. L’inclusion de la diversité au mandat de la Société est incroyablement importante pour moi, surtout qu’elle n’est pas que symbolique, ce qui n’est pas le cas dans beaucoup d’autres entreprises. Il est particulièrement évocateur que le Programme de placements de personnes handicapées ait été développé et soit géré par des personnes handicapées. Chaque rencontre a été animée par une personne handicapée et la diversité et l’inclusion sont appelées à favoriser la croissance du programme. Ces caractéristiques contribuent à mon sentiment d’appartenance à l’équipe et à ma capacité d’ajouter de la valeur à celle-ci plutôt que d’être simplement un symbole de façade de la diversité de l’entreprise. Ce sentiment est incroyablement valorisant!
J’aime aussi beaucoup la foire alimentaire (rires). En fait, un des aspects les plus uniques de l’environnement de travail est la grande créativité qui le caractérise. Les employés sont tous encouragés à raconter leurs propres histoires. Il y a ici tellement de possibilités de proposer des projets et d’exploiter sa sensibilité artistique que les gens se sentent appréciés à l’extérieur de leur travail et c’est vraiment agréable.
Quel est le plus grand moment de fierté vécu à CBC/Radio-Canada?
Je suis extrêmement fier de la publication d’un article (en anglais seulement) que j’ai rédigé sur la création d’une culture axée sur l’accessibilité. L’impact de cet article et les réactions qu’il a suscitées ont été vraiment incroyables, presque trop par moment! Je suis vraiment reconnaissant du soutien que j’ai obtenu et l’expérience a été vraiment gratifiante.
Où vous voyez-vous dans cinq ans?
Honnêtement, j’espère simplement être en mesure de poursuivre sur ma lancée et atteindre de nouveaux sommets. En réalité, je me trouve vraiment privilégié, mais ce privilège s’accompagne de la lourde responsabilité d’utiliser la plateforme qui m’est offerte d’une manière qui engendrera des retombées.
Y a-t-il autre chose que vous aimeriez dire à propos de votre expérience ici?
Je suis heureux que le Programme de placements de personnes handicapées soit en constante expansion. Je souhaite dire aux personnes qui seront embauchées dans les prochaines années qu’elles ne manqueront pas ici de moyens pour se faire entendre. Les possibilités sont nombreuses : à la radio, à la production de balados ou tout simplement en engageant la conversation avec les gens. Même s’il est parfois très difficile de divulguer ses handicaps, j’espère que les intéressés continueront de le faire, car CBC/Radio-Canada est le meilleur endroit pour cela. C’est ce que j’ai ressenti ici. Plus que toute autre chose, je me suis senti en sécurité. Il ne m’appartient pas de jouer le rôle de porte-parole, mais sachez que le potentiel ici est énorme et que vous pourrez apporter votre contribution, aussi minime soit-elle.